JEAN PROUVÉ

On a tous quelque chose de l’escargot

Cette exposition ouvre les portes d’un univers étonnant – rarement montré – qui se décline dans une production imposante de dessins, de maquettes et de mots.

Florence Sarano

EXPOSITION / COMMISSARIAT ET SCÉNOGRAPHIE 2007

L’ORDRE CACHÉ DES MONDES

Il existe des architectes qui comptent pour leurs architectures imaginaires : celles de Luca Merlini résultent d’une recherche de l’ordre caché des mondes qui nous entourent. Ainsi des projets naissent et n’existent que « par l’envie de mettre sur le papier ces recherches ». Pourtant leur vie ne s’arrête pas là, ils nourrissent les réalisations de LM (1), et au-delà, l’imaginaire collectif des architectes, des étudiants et des lecteurs de ses contes urbains. Réaliser une série de 12 gares, imaginer l’expo 02, concevoir 3 boutiques, créer 1 micro extension de villa, construire 3 stations de métro, inventer 1 passerelle au-dessus d’une gare sont autant de réalités qui puisent dans ces architectures imaginaires.

Cette exposition ouvrait ainsi les portes d’un univers étonnant – rarement montré – qui se décline dans une production imposante de dessins, de maquettes et de mots. Les réalisations, présentées en alternance avec les recherches et les projets imaginaires démontrent que « certains bâtiments sont les enfants naturels d’architectures de papier. » L’ensemble nous rappelle que l’architecture est aussi une façon de questionner le monde pour y trouver sa place et que le rôle de l’architecte peut être aussi « énorme que dérisoire » LM.

L’importance des mots dans le travail de LM n’a d’égal que celui du dessin. Ce rapport d’équilibre des forces actionne chaque projet dans une mécanique perpétuelle au mouvement précis. L’espace du squash devenait ici celui du rebond des termes. C’est une véritable immersion dans le jeu des mots suivant les règles de LM. Ce pouvoir qui leur est donné de mettre en mouvement la pensée traduit le fait que l’architecture – pas plus que les discours – n’est un acte innocent. Chaque visiteur emportait avec lui certains textes prolongeant ainsi l’exposition hors les murs.

La collection de l’architecte. Ces carnets si propres à la vie des architectes sont rarement présentés ; pourtant leur rôle est capital : ils sont l’une des clef de l’ordre caché de l’auteur. Révélateurs et générateurs des réalités du monde et de solutions architecturales venues d’ailleurs, ils transcrivent parfaitement la lente construction du travail d’architecte. Parce qu’il y a « cette multiplicité de manières d’être au monde » et que  « derrière chaque mur il y a une idée de société ; et derrière chaque mur il y a un architecte ». Cette collection représente un aller-retour entre l’intime et le collectif.

Pour la première fois à la villa Noailles, certains jours, l’architecte était présent dans l’exposition pour une performance.  Habitant d’une micro-installation, il concevait un projet pour les visiteurs qui le souhaitaient. Chacun d’entre eux pouvait repartir avec un dessin original, après avoir fait une photocopie qu’il laissait suspendue dans la salle. Celle-ci se remplissait de projets au fur et à mesure de l’avancement de l’exposition.

Le visiteur, joignant son dessin aux autres, constituait sa propre collection et repartait « avec une question : que me proposera le prochain architecte invité ? »

Cette exposition reconduisait notre volonté de présenter souvent des « architectes inclassables » qui, généralement pour cette même raison, n’ont jamais été exposés. Notre démarche est de rendre visible le processus de création, quels sont les mécanismes de pensée : comment et à partir de quels imaginaires ils se mettent en place ? Nous poursuivons cette ambition afin de faire découvrir les multiples univers de la création architecturale trop rarement montrée. Nos choix de programmation depuis quatre ans ont toujours pour origine une rencontre à partager avec le visiteur et nous nous réjouissons qu’elle se continue ailleurs : notamment avec Rudy Ricciotti, exposé à la cité de l’architecture prochainement ou avec Patrick Bouchain, qui s’est vu confié la responsabilité du Pavillon français de la Biennale d’Architecture de Venise en 2006.

ARTICLE / ESSAIS

COMMISSARIAT

PAR Florence Sarano

Centre d’art Villa Noailles à Hyères

2007

Tournage avec Luca Merlini > voir le vidéo-portrait en ligne ci-dessous

VIDÉO-PORTRAIT : DESSINER & FILMER

Dans ce film, le travail de Luca MERLINI est présenté exclusivement, grâce à ses dessins, croquis et esquisses réalisés sous l’œil de la caméra. Cette expérience, où le spectateur prend la place des yeux de l’architecte pendant qu’il trace ses lignes, le met dans la position, précise mais inhabituelle, de celui qui conçoit et simultanément dessine. Cette situation au centre de la production d’une pensée permet de mesurer les détours du projet, ses évidences et ses densités. L’architecte s’est prêté à la performance de la feuille blanche : expliquer ses réalisations mais aussi dessiner les rôles incertains de l’architecte.

« On attend de l’architecte qu’il trouve toujours une solution : une manière de réparer un paysage, d’isoler du monde, de reconstruire des liens, d’ouvrir le ciel. On attend beaucoup de lui : qu’il interprète les désirs, qu’il sache tout faire, qu’il fasse tout avec rien…D’autre part, l’architecte aime que l’on attende tout cela de lui. Parce que cela l’oblige à vivre à fleur de peau avec l’état du monde, à n’être jamais indifférent, à naviguer dans un pouvoir qui n’est pas toujours le sien, à être en production continue de solutions… Sous  forme de jeu, ce film-projet est une incursion métaphorique dans l’imprudence à laquelle l’architecte est condamné par ce qu’on attend de lui, d’une part, et par le plaisir qu’il y trouve, d’autre part… ». Luca Merlini

ARTICLE / PUBLICATION

RÉALISATION ET ENTRETIENS

PAR Florence Sarano

Achibooks+Sautereau éditeur

DVD édité avec le soutien de la Drac PACA en partenariat avec la Communauté d’agglomération Toulon Provence Méditerranée, le Conseil Départemental du Var, le Conseil Régional PACA à l’occasion de l’exposition éponyme. Caméra et montage Luc Bouery pour LB83 Production

SCÉNOGRAPHIE : PERFORMANCES, APPROPRIATIONS ET PARTAGES

ils de jardinage. Jardiner la ville est opportuniste par nature. Comme l’art peut être un sujet de dérive situationnist avec une agriculture urbaine de situation, le glaneur peut se faire flâneur et vice versa.

L’acte du jardinage suscite la dérive urbaine, l’aléatoire, l’inattendu, la séreCe hasard heureux qui nécessite des espaces pour se déployer, ou de l’interaction, tant avec les gens qu’avec la nature. Cette dérive se cultive. Henri Lefebvre, marqué par les situationnistes, souligne le besoin de spontanéité et la découverte de la quotidienneté comme lieu de combat. Pour lui, la ville a un rôle de médiatrice, entre le global et le privatif.ils de jardinage. Jardiner la ville est opportuniste par nature. Comme l’art peut être un sujet de dérive situationniste1

PRÉSENTATION

SCÉNOGRAPHIE

PAR Florence Sarano avec Luca Merlini

Plans de la scénographie

RÉCEPTION DE L’EXPOSITION

Libération, Le Monde, Le Figaro, AMC, Architecture d’Aujourd’hui, Technique et architecture,

EXTRAITS DE LA REVUE DES MÉDIAS

photos du tournage